UN JOUR AU MUSEE 

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LA DONATION CHAVE

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          Les œuvres sont présentées par Savine Faupin, jusqu'au moment où Pascal Verbena parle de ses œuvres.

          Nous arrivons maintenant à l'hommage à la galerie Chave, en particulier à Pierre Chave qui est décédé l'an dernier et qui avait repris la galerie de son père à Vence. Au début, dans les années 50, Alphonse Chave avait ouvert une sorte de petit magasin où les artistes venaient se fournir en matériaux de peinture. Peu à peu, il a créé des liens avec les artistes qui séjournaient dans le sud de la France, il a commencé à montrer des œuvres qui se trouvaient donc dans la marge. Des liens spécifiques se sont créés. Une autre rencontre importante a été celle de Jean Dubuffet qui séjournait à Vence. Des expositions ont commencé à être présentées, autour de l'Art brut. Dont celle de PHILIPPE DEREUX qui collectait avec Dubuffet pour faire des collages de papillons. Et qui peu à peu a commencé son propre travail autour des épluchures. L'œuvre que vous voyez est construite avec différentes sortes d'épluchures, des graines, et autres matériaux qu'il utilisait pour faire ses collages.

L'autre personnage important de la galerie était SLAVKO KOPAC, connu pour avoir géré la Collection Dubuffet dès 1948. Il a fait aussi découvrir la Collection à Madeleine Lommel rue de Sèvres ; et il a fait une œuvre personnelle importante bien que peu connue. (Lire ou relire : KOPAC SLAVKO : TEXTE REVUE CRITIQUE PARISIENNE N°29. TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "SLAVKO KOPAC ENFIN " : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER). Nous n'avions de lui au musée qu'une gravure qui vient du fonds d'André Breton avec qui Kopac avait tissé des liens importants ; et une petite peinture qui nous a été donnée par des amis du musée ; c'est pourquoi nous voulions acquérir des œuvres. Et nous travaillons à son propos sur un projet d'exposition sur le thème "Dubuffet-Breton, retour de l'objet naturel". 

         Et puis voici une autre œuvre de la galerie Chave qui avait été achetée par l'Aracine peu de temps avant l'arrivée des œuvres en 1997. C'est une œuvre de Juan Perrer. C'est la première fois que nous la présentons dans l'extension du musée. Il a été découvert et reconnu par les Chave. C'était un maçon portugais arrivé dans les années 40 en France, qui a été longtemps gardien de châteaux. Est-ce cet univers de châteaux qui l'a amené à la retranscrire dans sa sculpture ? Ce sont peut-être aussi les liens très composites que l'on peut trouver dans la sculpture au Portugal ? C'est à partir de souches d'arbres qu'il récupérait autour de Vence qu'il a créé cette sorte de tour de Babel. 

Il y a aussi Michel Roux qui a commencé à pratiquer en autodidacte. Il s'intéressait beaucoup à l'architecture. Nous avons ici une de ses premières œuvres. Il a créé ses propres caractères qu'il reproduit au stylographe, traduisant ses paysages intérieurs. Ce sont en fait des sortes d'écritures réalisées à l'encre sur papier. 

          Ensuite Pascal Verbena qui est parmi nous et qui va nous parler de son œuvre". 

          "Il y a eu une exposition organisée à l'Atelier Jacob et au musée d'Art moderne. Tous les sculpteurs de Marseillan ont été recommandés là-bas. Il se trouve que je fais partie de cette histoire. Cette pièce que vous voyez est particulière : en Provence à Port Saint-Louis du Rhône, les habitants de la région avaient construit sur les bords du Rhône, des cabanons comme des maisons de détente, et cela faisait du domaine maritime. Il y a quelques années, des bulldozers sont venus pour détruire ces maisons. Je connais bien la région, puisque j'y ai habité. Et le jour où ils sont venus pour casser ces cabanons, je m'y suis opposé. J'étais là-bas avec un ami qui faisait des petits films pour qu'il fasse des photos d'animaux. Mais ce jour-là, il a photographié les bulldozers. Cela a fait un problème que je m'oppose à la destruction. J'ai téléphoné au maire qui est venu, mais il n'a pas pu arrêter la destruction des cabanons. L'affaire a fait beaucoup de bruit. Alors, moi, quand ils ont cassé ces cabanons, vu l'agressivité du conducteur d'engin, j'ai voulu garder une trace. J'ai récupéré tous les morceaux de bois, de portes, de volets et j'ai tout mis dans ma voiture. Je voulais qu'il reste une trace de ces cabanons. J'ai construit cette pièce que vous voyez ici, et je l'ai appelée 'Mémoire". J'ai voulu qu'elle soit un hommage, et à l'intérieur de toutes ces boîtes qui s'ouvrent, j'ai créé moi-même des petites sculptures, pour ajouter ma patte. 

          Bien sûr, cette pièce ne pourra pas être manipulée par les visiteurs. Mais ma deuxième œuvre est importante aussi pour une autre raison, je voudrais en dire deux mots. Comme parfois, il vient au musée des enfants malvoyants, j'ai travaillé sur cette pièce grâce à Savine Faupin qui m'a demandé de créer une œuvre que les enfants pourraient toucher. Prenez des arbres aux troncs rugueux, les enfants, surtout les malvoyants, ont tendance à poser les mains dessus. Il y a un côté tactile très important, pour un enfant, d'ailleurs aussi pour un adulte. J'ai voulu créer cette œuvre dans le même esprit. Pour qu'ils puissent la toucher. En même temps, il y a aussi la possibilité d'ouvrir les tiroirs. Ouvrir, c'est désirer quelque chose. Vous ouvrez cette barrière, et vous trouvez l'oiseau. Que vous pouvez tenir dans vos mains. Pour les boîtes, il y a des sortes de tirettes. Ce sont des clefs qui permettent d'ouvrir la boîte. Vous devez les placer exactement. Si elles sont à l'envers, la boîte ne s'ouvre pas. A l'intérieur d'un tiroir, il y a un petit miroir, l'enfant verra donc son propre reflet. Dans un autre tiroir, j'ai mis des plumes d'oiseaux, dans un autre encore, il y a des petites amulettes … Et puis, si vous retournez la pièce, vous voyez au dos, un petit plumier dans lequel j'ai mis des craies. Et j'ai intégré une ardoise, dans les planches. Si bien que l'enfant qui le désire peut dessiner ou signer de son nom ! (Le public l'incite à signer, lui) Voilà comment je signe mes œuvres : un P, un V, un A et j'entoure le tout. Cela fait penser, en Camargue, quand on marque les petits taureaux !" 

          Ensuite, le public est invité à se rentre dans la salle où se trouvent les œuvres de la "S" Grand atelier. 

Jeanine RIVAIS