C'est en allant surprendre François Chauvet dans son Hang'Art, du Moulin Roty, musée de Saffré qu'il nous a entraînés voir la quadruple exposition dont nous ignorions l'existence, et qui se déroulait dans l'ancien presbytère aujourd'hui désaffecté.
Y étaient présentées les œuvres de :
ISEULT HOUSSAIS :
**** Yseult Houssais se complaît dans une incertitude un peu perverse, ludique à tout le moins : les " Elus " sont-ils bien ces êtres dont les têtes laissent partir de tous côtés d’autres êtres qui pourraient être leurs rêves ? leurs fantasmes ? et dont la quintessence serait cet étrange cosmogone fait de cercles concentriques et de coulées déliquescentes, érigé tel un totem à l’extrême gauche de l’œuvre ? De là, il faudrait conclure que les " bannis " seraient ceux de droite écrasés par des quotidiennetés de linge séchant sur des fils, de livres et de cailloux, et dont l’émanation serait un " homme " d’une navrante banalité dans son petit costume étriqué ? Il faudrait alors en déduire que leur " punition " serait le train-train d’une vie morne et sans relief ? Il semble bien que l’artiste se soit délectée de cette absence de " clés " définitives (à moins que quelqu’un pétri de religion soit capable de les ouvrir ?) ; et de l’obligation pour le visiteur de rester dans l’expectative dont, seule, sa subjectivité soit apte à le tirer !
Mais quelle que soit la conclusion de ce dernier, il sera forcément sensible à l’imaginaire floribond d’Yseult Houssais, au grand élan de vie qui anime sa toile, à la retenue des couleurs qui l’illuminent ; à l’étrange mélange de hardiesse créatrice et de sagesse ancestrale qui l’illustre ; au savant dosage d’évidence d’évidence et de mystère qui l’ennoblit… Bref, chez cette artiste encore si jeune, au grand talent de peindre !..."
" (Texte entier http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER)
JEAN-CHRISTOPHE HUMBERT :
**** ...Il est une autre récurrence, dans l'œuvre de Jean-Christophe Humbert : la dualité des formes et des personnages. Dualité qui se découvre en deux temps : De loin, le spectateur se dit :"Tiens, il a mis côte à côte une tête humaine et une tête de cheval !" Et de broder, peut-être, sur les influences rurales déjà évoquées, de Jean-Christophe Humbert ? Jusqu'à se rendre compte qu'il est totalement dans l'erreur ! Car, s'approchant, il réalise qu'il a en face de lui deux bustes, prenant appui sur deux tronçons de cuisses, qui s'épanouissent en deux fesses symétriques, à partir desquelles sinuent deux colonnes vertébrales terminées par deux têtes similaires hors du cadre. Remontant ce ventre-à-ventre qui peu à peu s'évase, l'œil franchit deux "intérieurs" anatomiques de poches cellulaires, œsophages, cœurs, etc. et parvient à deux seins sur l'un des protagonistes ! Logiquement, il redescend et découvre sur l'autre ce qui avait échappé à sa vigilance… un minuscule phallus pendant piteusement ! Et, par jeu sans doute, pour bien insister sur l'idée de dualité, l'artiste ajoute un titre, "Duocephalus", qui fait donc redondance avec le tableau, le préfixe "duo" confirmant –s'il en était besoin- que les deux "personnages" sont bien interdépendants ! Bizarrement, "Triocephalus" qui constitue la "tête humaine" est conçu sur le même principe, mais totalement inversé ! Les deux colonnes vertébrales s'évasent pour servir de support à un sternum plus vrai que vrai, lequel porte une tête médiane, de sorte que le "duo" est bien devenu "trio"… ! (Texte entier http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART CONTEMPORAIN.
LA DECOUVERTE DE HASARD : IZIAK :
**** Une évidence s'impose, concernant cette sculptrice : seuls, l'intéressent le corps et l'humain, la "forme" et le "dire". Sans aucun contexte signifiant qui en détournerait l'attention. Les rattacherait à la terre… Car, chaque œuvre, -féminine- n'est qu'un long cri suggérant qu'il est dans la nature humaine de se ronger, de se détruire, de rêver à soi jusqu'à ce que le corps en soit si gravement affecté qu'il parvient à une inexorable maigreur. Dès lors, pour le spectateur, nombre de ses "choix" coulent de source : Telles il imagine, dans la nuit des temps, les premières humaines, souvent nues, au mieux couvertes de vêtements rudimentaires ; telles sont pour Iziak, les femmes d'aujourd'hui, aux réalisations très diverses : maternelle souvent, tantôt dans son intégrité, visage ovale au menton volontaire, yeux qui ont du mal à rester ouverts à cause de la fatigue dont témoignent les cernes qui en noircissent le tour ; cheveux rares hirsutes ; seins flasques ; jambes lourdes aux pieds nus ; assise sur sa chaise au dossier/araignée ; tenant de ses mains aux doigts longs et effilés l'enfant assis sur ses genoux, l'air un peu triste, ses petites mains posées sur celles de sa mère. Tantôt recroquevillée accrochée au mur, petits seins pointant nus ; son bébé dans son giron les yeux levés vers elle ; ventre creux, tandis que ses jambes disparaissent sous le corps de ce qui semble être un chevreau, à en juger par sa petite tête fine ?
Lorsqu'elles sont en groupe, elles sont partiellement réalisées, comme émergeant du tronc d'arbre originel, écorcé mais laissé dans sa rugosité, des moignons de branches portant parfois un petit animal : Il ne s'agit alors que d'un visage sur un buste sans bras, dissimulé sous un foulard croisé ou servant de support à un enfant ; le visage levé au ciel, ou la bouche ouverte en un cri ; ou bien ouvrant deux grands yeux surpris, au-dessus d'un nez épaté, et d'une bouche lippue…"
(Texte entier http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER)
JO QUATREVINGTDIXNEUF :
**** ...Lorsqu'il a résolu ce problème formel, le second paradoxe tient au "dit" de Jo99. Car une fois mis de côté le chaos primal, la folie créatrice, les belles formes non signifiantes, impressionnant travail de non-vie, ovales, rondes, remplies de géométries protéiformes suggérant qu'il ignore tout de l'angle droit ; une fois regardées les œuvres bordant la science-fiction, dans lesquelles vole un diable ailé au milieu d'une ambiance de fleurs, passe un ange gardien survolant une ville au-dessus de laquelle brillent soleil et étoiles ; roucoulent deux ectoplasmes cernés de flammes, nage une sorte d'allochtone verdâtre… la riche matière et les couleurs vives qui donnent consistance et vie aux personnages, suggèrent –nouveau paradoxe- que l'artiste réside dans une vallée de larmes : Une femme à la tête auréolée d'une orbe dentelée, agenouillée au premier plan, pleure des gouttes si grosses qu'elles dégoulinent sur sa poitrine et deviennent d'énormes pétales ! Une autre, les yeux exorbités, aux minuscules seins fleuris, hurle, sa bouche béante face au visiteur !
Parfois, l'artiste… "retombe sur terre" ! Une salle remplit la toile, repoussant au second plan la tapisserie couverte de lettres. Et, dans un cadre très réaliste de placards, table, chat…, une petite fille, perplexe, semble chercher vainement l'inspiration !..."
(Texte entier http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVALS SINGULIEREMENT VOTRE MONTPELLIER 2015)
Une belle exposition à aller voir avant le 29 septembre 2024.
Jeanine RIVAIS