PRAZ SUR ARLY : FESTIVAL 2003

UNE MANIFESTATION ARTISTIQUE, UN COUPLE FONDATEUR, UNE CONVIVIALITE

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CINQ QUESTIONS A CHENU DIDIER, dit LECHNU

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          Jeanine Rivais : Vous vous appelez Didier Chenu, mais tout le monde dit toujours « Chenu » : quel nom préférez-vous ?

          Didier Chenu : En effet, les gens disent toujours « Chenu », et cela me convient.

 

           J. R. : Depuis quand peignez-vous ? Et quel a été votre itinéraire, pour en venir à la forme actuelle de votre création?

          Ch. : Je peins et je sculpte. Mais la peinture est mon activité principale. Je peins depuis 1981. Qu’est-ce qui m’a amené là ? A vrai dire, je ne saurai pas trop l’expliquer. C’est une suite d’enchaînements…

 

        J. R. : Que peigniez-vous au départ ?

       Ch. : J’ai toujours réalisé des sujets très libres. Mais je suis parti d’une abstraction. Et petit à petit, j’ai introduit des cadres. Les cadres ont grandi, se sont épurés. Et maintenant, il n’y a plus qu’un élément dans le cadre. Encore qu’il y ait des petits travers, des petites ombres, des petits graffiti qui restent visibles.

 

          J. R. : Quelle définition donnez-vous de votre travail ? 

          Ch. : Un travail à l’arraché. Avec toujours l’impression de chercher une nouvelle image, une nouvelle démarche. D’essayer de renouveler l’iconographie, même si des détails reviennent régulièrement. Je travaille beaucoup par thèmes : Je vais travailler sur un thème pendant six mois, un an… A partir de là, je recherche chaque fois un moteur qui me fasse démarrer sur une création riche. Et j’arrête quand je pense avoir tout donné pour cette série.

          J. R. : Quelle définition donnez-vous de l’Art singulier ?

          Ch. : Pour moi, ce n’est pas le terme « Art singulier » qui me gêne. Mais c’est de parler de la singularité des artistes. Chacun fait une forme d’art, c’est tout. Personne n’est plus avec les Bruts, avec les fous qui sont sous l’emprise de psys, etc. Ce sont des gens qui sortent des écoles, et qui ont choisi cette voie-là parce qu’elle est libre. 

 

          J. R. : Puisque vous êtes souvent venu ici, quelle définition donnez-vous du Festival de Praz-sur-Arly ?

         Ch. : C’est un festival où règne la plus grande convivialité. Où se manifeste un amour des uns et des autres qui est vraiment intéressant ; qui donne envie de revenir. C’est un lieu où chacun a plaisir à travailler avec les autres, vivre avec eux, regarder leur travail. Dire qu’il est « reposant » est une façon de parler, parce que tout le monde « se défonce » sans arrêt ; mais ce festival est « reposant dans son contenu ». 

 

          J. R. : Quelqu’un a écrit que la création artistique est une mise en forme de sa douleur. Votre création est-elle conforme à cette définition ? Ou bien, n’est-elle, au contraire, que pur plaisir ?

          Ch. : Absolument pas. Je n’éprouve aucune douleur quand je travaille, au contraire. 

 

        J. R. : Mais vous ne répondez pas tout à fait à la question. La phrase signifie : Y a-t-il en vous une douleur qui va se libérer grâce à la création ?

        Ch. : Non, je ne crois pas. Il y a sûrement des douleurs, mais ce n’est pas un guide. Cela ne transparaît pas au fond de moi-même. Je n’ai pas l’impression de créer pour me libérer d’une contrainte, ou d’un quelconque mal-être. Au contraire, c’est pour ressentir du plaisir et de la joie. 

 

         J. R. : Quels sont vos projets ?

         Ch. : C’est de créer de plus en plus. Mais, le problème est que cela devient de plus en plus dur. Que la conjoncture est de plus en plus difficile. Que l’inculture gagne. Que les gens ne sont plus concernés par la peinture. A mon avis, c’est là-dessus qu’il faut lutter. Mes projets sont donc de me battre à plus ou moins grande échelle pour montrer des travaux, faire que les gens s’y intéressent et rentrent dans autre chose que les médiocrités de TF1 et Compagnie. Depuis vingt ans que nous traînons ce boulet, et que de plus en plus les arts plastiques sont inexistants dans les écoles ; que les gens vont dépenser des sommes faramineuses pour s’acheter une reproduction à 300 000 exemplaires d’un Picasso, d’un Kandinsky ou un quelconque Schmoldu, il est temps de réagir. J’enrage de me dire que pour le même prix, ils pourraient s’offrir une œuvre originale. Tout en rendant service à des artistes jeunes. Le projet consiste donc à essayer de toucher les gens par un contact direct. Encore que cela me semble très difficile, car ils n’ont même pas la curiosité d’aller voir ! Il y a un désintérêt bien établi pour la peinture et la sculpture. J’aimerais aller chercher les gens sur des campus, dans des lieux de grands passages… là où, d’une façon ou d’une autre, on les a laissés ! 

 

       Entretien réalisé le 28 juillet 2003.

CHENU dit LECHNU : TEXTES DE JEANINE RIVAIS :  "LA CUISINE DE CHENU". Et "PETITS CONTES A L'EMPORTE-PIECE DE DIDIER CHENU" :  BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA N°67 de JANVIER 2000, IVe FESTIVAL DE PRAZ-SUR-ARLY. 

TEXTE DE JEANINE RIVAIS :  N° 71 de Janvier 2002, DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA, dans le cadre du Ve festival de Praz-sur-Arly. 

Et http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVALS RETOUR SUR PRAZ-SYR-ARLY 2001.

VOIR AUSSI : "CINQ QUESTIONS A…" : BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA N° 75 Tome 1 d'AVRIL 2004. 

Et http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVALS : RETOUR SUR PRAZ-SUR-ARLY 2003.

Et TEXTE DE JEANINE RIVAIS  : http://jeaninerivais.jimdo.com/ RUBRIQUE FESTIVALS RETOUR SUR BANNE 2003.