
Les œuvres de JEAN-PIERRE AUGER sont-elles des paysages figuratifs ou des espaces abstraits ?
Il a tant de mal à conclure qu’il les découpe par quelques délimitations plus claires en demi-teintes, imbriquées, intercalées, travaillées en légers reliefs, reliant, séparant plutôt les parties brunes. Le tout donnant l'impression paradoxale d'une combinaison rigoureusement ordonnancée ; ou, au contraire de quelques plages abstraites et lissées, générant une possibilité d'émotions aléatoirement proposées.
Mais le plus souvent, il réalise un travail paisible sur la lumière, la couleur. Donnant un sentiment de fluidité, de vivant, naturel et moelleux. Créant en même temps une sorte de profondeur, de réalité de la scène née de l'apparition des ombres et des reflets.

Faut-il alors considérer les fonds bruns ou ocre nuancés ; grattés de façon méthodique, parfois graffités de bandes parallèles horizontales ; les sous-couches encollées créant une profondeur qui fait vibrer l’ensemble. Ou faut-il voir plutôt la forme indéfinie collée dessus… Ou encore admirer l'harmonie paradoxale générée par cette cohabitation ?
S'agit-il finalement seulement de couleurs disposées en aplats dans un espace bidimensionnel, jouant des brillants et des mats, des mats surtout ? N'est-ce pas plutôt une façon d'équilibrer ces formes et ces couleurs pures, créer des harmonies en accord avec l'esprit méthodique de l'artiste ?
Toute sa subjectivité dehors, au visiteur de choisir !
Jeanine RIVAIS
********************

Autodidacte, Xavier Bessière qui semble souvent rendre compte de sa vision des humains s’était cette fois préoccupé de la flore, même si certains d’entre eux s’étaient subrepticement installés dans l’embrasure de leurs portes pour voir quel inconnu s’était glissé dans leur monde ; et si une bête étrange semblait garder l’entrée de la forêt ?... Car il s’agit-là d’une flore à connotation exotique, aux végétations profuses, dont il sait rendre l’aspect métallique ou érodé des minéraux, l’ouaté des tiges ; jouer des contrastes entre la dureté, la raideur des uns, la douceur, la flexibilité des autres. Il passe et repasse les fonds qui, peu à peu, « deviennent » le roc ou la touffe herbacée. Tout au long de cette « gestation », le spectateur « sent » la rotation du poignet léger ou appuyé, qui effleure le support, s’accroche sur les trames de la toile… Ainsi, l’artiste fait-il éclore lentement ses dentelles et ses friselis de tigelles naines ; tresse ses entrelacs de branches dans des clairières où un soleil apparemment pâle pose ses flaques adoucies ; donne vie à des plumetis de minuscules usnées, aux forêts carrelées de canopées roses… rend impénétrables les sous-bois échevelés…

Inutile de chercher le « typique », le « folklorique » dans cette quête de nature « racontée » par Xavier Bessière. Seuls l’intéressent, l’émotion de la découverte d’un petit coin végétal ; le pincement au cœur, l’intimité de la rencontre avec ce lieu secret de vie, l’éblouissement d’une trouée de ciel autour de laquelle s’estompent les nuages, les jeux des ombres sur l’eau dormante…tout ce qui, finalement, suggère son don d’observateur, un esprit alerte, prêt néanmoins, à se plier aux petites contraintes d’une avancée précautionneuse… et au détour du chemin, la rêverie inhérente à la solitude ! Et, même s’il s’agit de plantes, il manifeste là, la patience de l’entomologiste qui sait se pencher gravement sur un infime détail, regarder et …voir !
Jeanine RIVAIS

********************