JOE RICZKO

“MIETTES”

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“Si l’on me demande ce qu’est la poésie, je réponds que personne ne le sait tout à fait, puisque chaque poète la définit à sa guise, mais qu’on la reconnaît quand on la rencontre.”

( Jean L’Anselme. Entretien avec Jeanine Rivais. Fresque d’écrivain : Jean L’Anselme aujourd’hui. Ed. Soleil natal.)

“Quand un muet donne sa parole, c’est

qu’il en fait trop.”

“On peut être nain et malgré tout

être encore diminué par la maladie.”

“L’homme ne descend pas du singe.

Tous les cyclistes vous le diront : 

l’homme descend de son vélo.”

Si JOE RICZKO  connaît ses classiques, il connaît Jean L’Anselme. Car les  “maximes” ci-dessus, comme des dizaines d’autres de son recueil, sont conçues dans un esprit très proche de celui qui est certainement le maître de l’humour poétique. 

“Miettes”, en effet, indique bien l’intention du poète de faire picorer par son lecteur chacun de ses courts textes conçus comme des aphorismes saugrenus. Ses clins d’oeil alertes, ses détournements de proverbes célèbres, ses banalités dénoncées, ses évidences bon enfant, ses calembours ... amusent, font rire même, (ce qui n’est pas si courant ! ), charment par la candeur avec laquelle il pratique l’outrance, voire le mauvais goût...

Et les poèmes de Joe Ryczko (car il s’agit bien de poèmes, atypiques certes, et dont se détourneront les puritains ! ) appartiennent à une conception de la poésie pleine de verve, acidulée et tendre à la fois, anticonformiste et humoristique, frondeuse et provocatrice, rabelaisienne en fait ! 

Ils situent par ailleurs leur auteur tout près de l’imagerie populaire ;  de la conception de l’Art singulier et même de l’Art brut : Faut-il s’en étonner, si l’on sait qu’il est l’animateur d’une petite revue artisanale intitulée "Les Friches de l’Art" ; et qu’il bat depuis des décennies la campagne à la recherche de créateurs d’ un “Art d’expression populaire, dépourvu de légitimité, constituant souvent une atteinte au bon goût”, sur lesquels il a écrit un passionnant ouvrage, "Les excentriques du Pays aux Bois". Poète ou esthète, marginal de toutes les formes d’art, il est facile de comprendre que cet authentique anticonformiste “garde un souvenir ému de l’omelette de la mère Poulard. (Mais qu’il ait) "par contre, oublié l’Hamlet de Vilar.”

A grappiller avec jubilation !

Jeanine RIVAIS

 

MIETTES : JOE RYCZKO : 2, Impasse des Hortensias, 33500. LIBOURNE.