PASCALE MORE, poète

GRAND PRIX DE LA DECOUVERTE POETIQUE

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          Poète absolu, telle est Pascale Moré. Mais cette définition ne saurait se suffire de quelques recueils déjà publiés. En fait, toute son attitude, son éthique, ses activités “tirant leur substance de la matière même de l’existence quotidienne”, sont poétiques : enseignante, sa vocation pédagogique lui permet de transmettre à ses lycéens la quintessence des matières qu’elle leur prodigue. Linguiste, elle s’engage dans la défense du grec et du latin, langues menacées, emmène pendant les vacances ses élèves à Rome pour leur inculquer le respect de ces cultures. Sportive, elle est championne pluridisciplinaire, court, nage, escalade pour rester au sommet de sa forme physique. 

          Enfant prodige, elle écrit à onze ans, un roman d’aventure, baigne son adolescence dans l’écriture de contes, obtient à trente ans son premier prix de poésie et, entre autres récompenses qui jalonnent avec une périodicité vertigineuse ses publications, reçoit en 1992 à Paris, le Prix de la Découverte Poétique décernée par la Fondation Simone de Carfort. 

          Chasseur d'images, elle erre dans la campagne en quête du minéral ou du végétal dont les nœuds, les torsions, les entrelacs... vont soudain éveiller un écho dans son esprit, faire jaillir en vagues la joie de la découverte, la jubilation ou le suprême étonnement devant la forme décelée. Alors, avec une infinie patience, elle tourne autour jusqu’à ce que la photographie réalisée en noir et blanc soit très exactement le Cri, l’Ordo ab chao, le Masque du fou... qu’ont bien voulu livrer l’arbre ou le roc. Fascinants sont ensuite sa corrélation, le parallèle sans hiatus et sans redondance avec le poème qui en est issu, comme si le photographe avait sculpté une sorte de churinga où le poète aurait déposé ses mots.

          Déjà dans "Omphalos" et "Lumière de sang", se dessinaient les grandes tendances de l’œuvre poétique de Pascale Moré : poésie allusive des cultures, des légendes, des mythes chers au poète. Vocabulaire évocateur, précis, précieux, presque sophistiqué lui permettant de créer un univers très métaphysique, une angoissante étrangeté, de partir 

“sur les rivages du Temps

 vers l’Oeil ombreux du Styx”...

 

Avec le dernier recueil, du fait peut-être de l’indissociable intrication texte-image, de la sensibilité profonde jaillie du matériau pour générer le poème, la tendance s’est exacerbée: comme si, une fois dépassée la phase difficile et établie la formule alchimique de l’Oeuvre au Noir, le poète avait décanté le langage, abandonné la gangue pour n’extirper désormais que la matière sublime, originelle de "L'Oeuvre au Blanc" ; était enfin capable de se libérer de toute logique pour partir à la conquête du hasard, prendre des risques, oser aller loin, ailleurs, recevoir le

“Pur baiser de l’Absolu

 Sur le ciel de (son) front",

 laisser sur le papier une trace indélébile, 

     “Comme les pas d'un dieu

      Dans le sable

      Il y a cent millions d’années-lumière”.

Jeanine RIVAIS

 

Extrait de

«La Roue» de PASCALE MORE 

Gagner la Lumière 

A la force du ventre 

D’un pas immobile

Marcher à coups de reins 

Vers le Sommet 

Sur les sentiers rocailleux du Devenir

Lumière du Sang 

Jaillie dans nos Voyages 

De la circonférence au Centre 

Vers le creuset de l’être 

Exempt de tout espoir 

Le Vide souverain

 

 

CE TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N° 14 DE JUIN 1995 DE LA REVUE FEMMES ARTISTES INTERNATIONAL