ARIANE SIROTA ET LE COUPLE

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Qu'est-ce qui a poussé Ariane Sirota, journaliste, a "entrer en sculpture" comme on entre en religion, avec une seule obsession : le couple !? Exprimé en des formes qui vont du minuscule au gigantisme, à tout le moins à la taille humaine. 


Avec, par contre, un contraste de matériaux. D'après les dires de l'artiste, il semble que, militante, elle ait voulu exprimer son désir de parler des femmes, les femmes brimées par les civilisations. D'où, peut-être, son parti-pris dans certaines œuvres comme ses grandes sculptures, de journaux encollés porteurs de messages sociaux, dont le papier reste brut, sans aucune peinture, aucun vernis qui recouvriraient forcément les articles. Lesquels, de ce fait, restent lisibles.  

Plus humoristique est l'utilisation de cires ayant servi à se raser les jambes ! Sur lesquelles elle intervient en les colorant dans des couleurs crues, et monochromes. 

L'un et l'autre choix ramenant donc l'artiste vers l'Art Récup'. 

Dans le même temps, si les ligatures de fils de fer sous le papier encollé acceptent une précision des visages, la cire ne permet que des formes approchées, des figures à peine creusées, parfois même pas du tout et des corps allusifs. Exigence du matériau ou volonté d'Ariane Sirota, qui sait ? 

En tout cas, à l'évidence, l'univers de la sculptrice est presque toujours tourné vers des corps enlacés, au repos, immobiles. Amants lovés, embrassés, debout ou assis, dans leur totale nudité. 

Les rares fois où un personnage est seul, il est au contraire, en mouvement. Et généralement, en un mouvement brutal, comme celui de s'extirper d'une maison (minuscule par rapport à sa taille). Faut-il en conclure que l'habitation est trop exiguë pour lui ? Qu'il désire fuir ? Si c'est le cas, que ou qui fuit-il ? Sa partenaire ? "Il", car il est toujours d'apparence masculine !  Sinon, quelle interprétation faut-il alors donner ?

D'autant que, parfois –rarement, et pourrait alors poindre la jalousie ?_ la taille du protagoniste allongé sur l'autre, suggère qu'il s'agit d'un enfant. Le couple mère/enfant change alors la définition, et la subjectivité du visiteur est mise à rude épreuve devant ce "tableau" particulièrement émouvant. 


Finalement, les personnages d'Ariane Sirota sont intemporels, leurs masques de tous les âges, de toujours et de partout, sans aucune définition sociale, à la fois fantasmes et obsessions d’une réalité, la solitude peut-être ?  Conçus, en tout cas, à l’image de la vie, dans cette zone d’ombre un peu mythique de la condition humaine ! Et, même si militantisme elle a souhaité, il semble bien qu'en fait, dans chacune de ses compositions, la femme soit l'égale de l'homme dans une totale complicité, et que l'emporte chaque fois, l'Amour. 

Jeanine RIVAIS

CE TEXTE A ETE ECRIT EN JUILLET 2015,.APRES LE FESTIVAL DE MONTPELLIER, "SINGULIEREMENT VOTRE".