LAURENT FORTIER, sculpteur

Entretien avec Jeanine Smolec-Rivais

*****

Jeanine Smolec-Rivais : Laurent Fortier, vous travaillez uniquement le métal ? Ou vous travaillez aussi d'autres matériaux ?

            Laurent Fortier : Vous avez mal regardé : la structure est en métal, et j'utilise une technique de cloisonnement intérieur, de remplissage et ensuite, je peins par-dessus. Et, en fait, qu'importe le matériau, ce n'est pas ce qui compte, ni même la technique !

 

                J.S-R. : Dans ce cas, qu'est-ce qui importe ? Donnez-moi votre définition de votre travail ?

            L.F. : Je ne peux pas donner une définition, puisque justement je cherche dans mon travaille un certain lâcher-prise, pour ne pas tout contrôler.

 

                J.S-R. : Mais c'est une définition !

            L.F. : Voilà. Qui n'est pas définitive, justement, qui n'a pas de cloisons.

                J.S-R. : Expliquez-moi ce que vous appelez "un lâcher-prise" ?

            L.F. : C'est se donner confiance pour le résultat à venir. Laisser une certaine autonomie à ce que l'on fait. Qu'importe le résultat qui va survenir. Mon souci n'est pas de faire bien, ni beau, ni de prendre un cahier des charges, mais d'essayer de donner vie à un être.

 

                J.S-R. : Mais il me semble que votre souci principal est l'humain ? L'humain sous toutes ses dimensions, depuis le couple, jusqu'au personnage seul un peu déformé, jusqu'au portrait, jusqu'à ce que l'on pourrait appeler de petits extraterrestres, parce qu'ils ne sont pas tout à fait humains… L'être vivant proche de l'humain ; ou l'humain.

            L.F. : Oui. Cela vient du fait que j'essayais de donner une unité à cette exposition, tout simplement. D'un autre côté, c'est parce que j'ai encore besoin de la représentation figurative de l'humain, pour donner une force à ce que je fais. Dans l'abstrait, je ne me sens pas trop à l'aise, pour l'instant.

                J.S-R. : C'est évident, parce que l'on sent bien que, dans chacun de vos tableaux, vous dites ne pas vous soucier du résultat, mais je sens une très grande cohérence dans ce que vous exprimez. En fait, je ne trouve pas ici ce que vous avez défini comme le "lâcher-prise" : je trouve un travail cohérent, sur lequel vous avez été très concentré, et qui vous amène à quelque chose de très signifiant.

            L.F. : Oui, mais ce n'est pas du tout contrôlé. Il y a du signifié, mais je le constate à la fin. En fait, ce que vous voulez dire, c'est qu'il y a un jeu systématique sur le regard. Et un jeu entre le regardeur qui regarde le regardé.

                J.S-R. : Oui, c'est une bonne définition !          

            L.F. : Non, non, parce que sincèrement, je ne cherche pas à être très formel…

 

                J.S-R. : Vous ne cherchez pas, mais vous trouvez ?

            L.F. : Oui. Je me sers de schémas opératoires que je connais par cœur, tout simplement ! D'une sculpture à une autre, je continue le même travail avec un aspect différent, avec des résolutions techniques récurrentes.

           

            ENTRETIEN REALISE A BANNE DANS LES ECURIES, AU FESTIVAL BANN'ART ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI 2012.