SYLVAIN LECRIVAIN

Texte de JEANINE RIVAIS

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          Chacun sait qu’à la campagne, il ne faut rien jeter, «ça peut toujours servir » : voilà un vieil adage qui convient à merveille à Sylvain Lécrivain ! Installé dans une ancienne ferme familiale, il vit entouré de tous les matériaux, agricoles, culinaires, potagers, vélocipédiques, etc. dont il a hérité. Non pour le plaisir d’entasser, posséder ces objets hétéroclites, mais pour celui de les toucher, les rapprocher en des promiscuités ou des accordailles inattendues ; rattacher à chacun des souvenirs plus ou moins lointains ; créer en fonction de la définition qu’ils ont conservée ou au contraire déjà perdue, de nouveaux objets complètement différents de leur sens originel. 

          A partir de cette vie réinsufflée au gré de son inspiration, l’artiste a trouvé une démarche très personnelle pour mettre en scène ses compositions où il joue le plus souvent le rôle du coupeur de têtes : Parfois, il range sagement celles-ci dans des caisses, comme des classeurs qu’il assortirait par couleurs, par allure générale, par connotations spécifiques... Mais d’autres fois, il les fixe au bout d’un bâton : Selles de vélos touffées de poils de chèvres, emmanchées sur pots d’échappement ; cornes de bœufs sur ressort, faisant la nique à des cuillers en bois vrillées de billes de verre ; tout cet attirail combiné donnant des faces hilares, tristes à mourir, irrévérencieuses. Alignées comme à la parade, ou en rond ; face à face ; côte à côte ; associées avec un grand souci de convivialité ; étagées pour former des sortes de totems terriblement kitsch... Tous les rapports sont possibles, auxquels s’ajoute une autre démarche du créateur : Puisqu’il s’appelle «Lécrivain», il se doit de le prouver. Et de donner à ses personnages des titres redondants de leurs caractéristiques ; ou au contraire jouant des oppositions ; faisant référence à des contes, à des légendes… 

          Bref, il a développé une véritable stratégie de l’ironie, de la dérision, tout bonnement de l’amusement (et son pari est gagné, à en juger par l’engouement des enfants pour ses oeuvres !)

 

CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.

 

TEXTE DE JEANINE RIVAIS :  "MASQUES ET COMPOSITIONS SYLVESTRES DE SYLVAIN LECRIVAIN" : BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA N°67 de JANVIER 2000, IVe FESTIVAL DE PRAZ-SUR-ARLY.