VIRGINIE BAUMGARTEN

Texte De JEANINE RIVAIS

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          Le visiteur étonné par l’homogénéité, la qualité et la sérénité qui se dégage de ses œuvres, demande-t-il à Virginie si elle se considère comme une artiste ? La réponse fuse sans ambiguïté, c’est «oui» ! Et, incontestablement, cette jeune femme autiste, d’une trentaine d’années, qui peint depuis l’âge de sept ans et fréquente depuis quelque temps un atelier de dessin, EST une artiste : les multiples portraits qu’elle a déjà réalisés, en attestent ! 

          Non que ses créatures soient issues de son imagination : la plupart du temps, elle puise son inspiration dans les livres d’art, et déclare que telle œuvre est une copie de Van Gogh, telle autre de Gauguin… Mais il est surprenant de voir la liberté qu’elle se donne par rapport au modèle. Chaque interprétation (puisque supposément, c’est ce dont il s’agit), est non pas « similaire », non pas « ressemblante », mais peinte avec un sens étonnant de la gestuelle de l’œuvre originelle. Même lorsqu’elle fait plusieurs variantes d’une même œuvre, le mouvement demeure, et chaque réalisation est tout à fait différente des autres. D’où il faut conclure que les référents sur lesquels s’appuie Virginie, ne lui sont, au fond, nécessaires que pour se sécuriser. Que, plus sûre d’elle-même, elle serait parfaitement capable de peindre sans eux. Et que, subséquemment, chaque portrait est une création ! 

          Qu’elle réinvente le monde, en somme. Un monde extirpé du contexte dans lequel elle l’a saisi sur le tableau original. Toute la place appartient donc aux personnages,  et ils sont là, très équilibrés, placés face au visiteur, sur fond de nuages…Toujours seuls… Jamais en pied… Ils semblent n’avoir qu’un buste, comme sur les photos d’identité : peut-être cette idée d’identité est-elle importante pour Virginie ? En tout cas, chaque visage est très travaillé ; les grands yeux aux pupilles brillantes ou au contraire éteints comme aveugles, et la bouche disent tantôt la joie, tantôt la tristesse ou la perplexité. Enfin, la signature « virginie », bien visible au milieu de l’œuvre, dit assez que cette jeune fille a conscience d’avoir trouvé là un langage bien à elle, et qu’elle y est à l’aise ! Et le plaisir qu’elle manifeste en voyant le public apprécier ses œuvres, confirme qu’elle a pleinement le sentiment d’être une authentique artiste.  Qui en douterait ?

 

CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.

 

TEXTE DE JEANINE RIVAIS "LES PORTRAITS DE VIRGINIE BAUMGARTEN DITE VIRGINIE" : BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA N° 71 DE JANVIER 2002  Rubrique : Ve FESTIVAL DE PRAZ-SUR-ARLY. Et "CINQ QUESTIONS A VIRGINIE" : PRAZ-SUR-ARLY 2003. Et aussi / http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique RETOUR SUR LE PRINTEMPS DES SINGULIERS 2003.