au bois de boulogne
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laissez-moi vivre
laissez-moi vivre

« ET DE NOUVEAU, NOUS SOMMES DEUX » :

LES PETITS COUPLES DE MICHEL SMOLEC, sculpteur

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            Près de quinze ans se sont écoulés depuis que Michel Smolec a amorcé avec la terre une relation très passionnelle : petites sculptures couplées fort originales, monochromes, à la fois bouleversantes et provocatrices dans leur recherche autodidacte sans inhibitions ; jaillissant comme d’autant de témoignages de souvenirs enfin conjurés ; provocatrices ; frondeuses ; raisonneuses ; un peu militantes sous leurs airs innocents et leur bon sens populaire ; répondant à l'urgence, au besoin d'être narratif, à la nécessité pour l’artiste naissant de rattacher SES oeuvres à SA réalité.

            Après une série de dessins beaucoup plus mystérieux et difficiles à expliquer parce qu’inconsciemment intellectualisés (ou plus indirectement psychologiques), le désir de la terre a ressurgi. Ce fut alors une série de solitaires, lourdement handicapés, « différents ». Mais plus grands, solidement campés, semblant assumer leur différence par des titres pleins d’assurance, tel ce personnage aux trois visages et à la bouche ventrale, clamant « Laissez-moi vivre » !...

 

Mais le plus surprenant était à venir. Après plusieurs mois où Michel Smolec a de nouveau délaissé la terre, voilà qu’une nouvelle génération a pris corps : Toujours en couples, désormais.

Les hommes strictement vêtus de costumes deux pièces, chemises à lavallière, et bottines à boutons. L’air conquérant parfois, pourtant, comme celui dont le regard allumé et le pantalon tombant attestent de ses intentions bien définies, corroborées par sa déclaration à sa cavalière, « 2 heures du mat’, j’ai des frissons ». Révélant chaque fois l’absence de complexes ou de tabous, comme le couple qui, « Au bois de Boulogne », assis sur un tronc d’arbre, les mains ouvertes et tendues, plongent l’un vers l’autre leurs regards perdus

Bottes montantes, minijupes sophistiquées et justaucorps pour les femmes dont les seins gonflés délicatement mamelonnés, provoquent coquinement l’œil, ainsi que les précieux bijoux entourant la douceur de leurs cous ; et dont les dessous noirs affriolants suggèrent plus qu’ils ne dissimulent des fesses charnues amoureusement polies… Coiffées souvent de petits bibis qui laissent deviner la chevelure flamboyante très soignée en lourdes masses savamment ondulées …

 

Toute la tendresse de l’artiste est là, toute sa jubilation à retrouver le contact de la terre, faire naître de la masse informe ces petites personnes complices dans leurs attitudes, disponibles pour l’éternité l’une pour l’autre ! Même les titres longuement choisis renforcent cette impression de symbiose : « La Saint-Valentin », « Promesse », « Bonheur du petit matin », etc.

L’effet de cohabitation entre ces couples, est saisissant. A la fois si lointains et si proches des séries précédentes. Tous si différents et tellement reconnaissables au premier coup d’œil comme issus de l’imaginaire de Michel Smolec. Mettant en évidence, une fois encore que, comme tous les créateurs authentiques, cet artiste est incapable de se contenter d’une répétition d’une même formulation. Confirmant sa volonté de créer sans cesse de façon originale, l’obligation psychologique où il se trouve de renouveler à l’infini, son univers fantasmatique.

 

                                                                       Jeanine Rivais.

 

 

 

 

parade
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