VICTOR ARTIEDA, peintre

Victor Artieda est bien connu, en France et en Belgique, comme fondateur de la revue "Idéart". Il l’est moins comme peintre abstrait. Et pourtant, il est dans ce domaine, un créateur de grand talent !

Deux parties, apparemment antithétiques, se croisent, interfèrent ou s’opposent : certaines toiles sont blanches, avec “des ombres” créées par différentes épaisseurs de pâtes (à moins que l’artiste ne colle des sous-couches de toile, de papier... ?) : En tout cas, des reliefs apparaissent, formant une spirale. Telle une grande orbe cosmique, elle déroule son magma, se perd, renaît, étirée, striée, non achevée, comme si l’artiste, parti du centre du chaos, voulait rester en attente, garder ouvertes toutes les potentialités, manifester son désir de vie...

A l’inverse, les toiles colorées sont constituées de grandes plages fermées par des lignes très nettes se chevauchant, s’interposant, se juxtaposant dans une combinatoire hermétiquement close. L’artiste travaille alors sur la déchirure, sur la dégradation, à l’exemple des vieux murs lépreux dont des lambeaux de peinture se seraient écaillés. Pas de couleurs franches, des mélanges harmonieux en demi-teintes, d’ocres et de mauves ; des compositions “flottant dans un décor où le pinceau torturé, apparemment très dur, a inscrit de larges traces, de longs aplats ; ou, au contraire, a tourné, bifurqué, laissant chaque fois aux limites de son passage, d’épaisses traînées de matières. Cette impression de non-communicabilité est accentuée par l’ajout de planchettes, par le laçage des “plages” au moyen de (vraies) grosses ficelles.

Des gaufrages blancs, sur vélin, très soignés, à la limite de la préciosité ; porteurs de formes géométriques, feuilles, fleurs... en creux ou au contraire en relief... sont là, peut-être pour rassurer l’homme, pour créer en lui le lien entre la sérénité, l’optimisme du “peintre en blanc”, et les angoisses, l’enfermement de “l’artiste en couleurs” ?

Jeanine Rivais.

 

VICTOR ARTIEDA : Philosophie et Arts plastiques, Université de Maracaïbo (Vénézuela). Licence d’espagnol et d’Arts plastiques “Graphica” (1981). Nombreux diplômes. Nombreux prix. Docteur Honoris Causa de Salsomaggiore (1985). Fondateur de la revue “Idéart”(1988).

Bibliographie : “A qui de droit”, poésie et gravure (1988). “Nuit éphémère” (1995). “Néant d’un Dieu de sang” (1995).

Peinture : Oeuvres dans de nombreux musées d’Amérique du Sud, France, Norvège, Allemagne,

CE TEXTE A ETE ECRIT EN 1999. VOIR AUSSI "VICTOR ARTIEDA Poète" : Rubrique POETES.